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  • : Enseigner, jouer, conter...
  • : A la fois mes expériences en classe maternelle, mais aussi de conteuse, de comédienne, d'être humain
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  •  retraite depuis septembre, de retour en métropole dans le froid et la solitude, j'ai eu envie de partager mes expériences, mes doutes, mes angoisses mais aussi tous les plaisirs qu'apportent mes 3 passions : l'enseignement, le conte et le théâtr
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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 11:08
Deux jours avant la pré-rentrée, j'ai eu la grande surprise de me voir nommée dans une autre école que celle qui m'avait été notifiée sur Iprof en juillet.
Branle bas de combat, je me précipite dans la nouvelle école pour voir les locaux et savoir quel niveau m'était attribué (j'avais passé mes vacances à préparer pour une petite-moyenne section).
Accueillie par les Atsems en plein ménage, je fais connaissance de cette nouvelle école qui porte bien son nom "Calvaire" car s'en est vraiment un ! École de 6 classes, j'apprends tout de suite que j'aurai une Grande Section (misère ça fait au moins 15 ans que je n'ai pas enseigné dans ce niveau, et dans mes vagues souvenirs je n'aime pas trop ce niveau). Puis l'atsem qui travaille avec moi Evelyne me présente la classe : sombre, toute en longueur, le matériel sous clé, les équipements propres à une classe maternelle inexistants,un aménagement de classe élémentaire (un grand tableau, des tables, des chaises un bureau faisant  face à des rangées de tables d'enfant (il ne manquait que l'estrade pour me replonger dans les affres de l'enfance), 2 grandes armoires et 1 meuble bas fermés à clé, aucun coin pas de bibliothèque, une peinture rose passée et sale. Une vraie galère, en 2 jours il fallait aménager cette salle pour que ça ressemble à une classe maternelle, prendre connaissance du programme réservé aux grandes sections, préparer la rentrée. Un défi relevé au prix d'un travail acharné.
La pré-rentrée arrive, je fais la connaissance des collègues et on se retrouve à deux nommées dans la même classe, les bévues rectorales ça commencent à bien faire ! La situation ne se décante que le jour de la rentrée où je suis bien confirmée dans le poste mais que pour 1 an. Dans toute cette pagaille j'ai l'heureuse surprise de faire la connaissance de ma collègue de l'autre grande section qui désire que nous travaillons ensemble. Mêmes point de vue sur l'enseignement, sur la nécessité de préserver la classe de GS comme une classe maternelle, nous nous collons dès l'après midi de pré rentrée sur les fameuses évaluations bilans demandées par la circonscription, et première déconvenue soit j'ai tout oublié de la grande section, soit ces bilans donnés par la circonscription ne sont pas adaptés au niveau ! Après discussion avec ma collègue nous décidons d'aménager les bilans pour en faire de plus simples. Encore un travail de préparation de plus!
Dans le côté galère de l'école : photocopieuse en panne et municipalité qui refuse de la faire réparer car il est prévu un achat de matériel pour la Toussaint. Donc 7 semaines sans photocopies. Autre galère pas de salle de sport, pas de bcd, pas de budget pour du matériel, un préau couvert inutilisable en cas de pluie car mal orienté, une grande cour gazonnée interdite s'il a plu et des horaires aberrants 8h-11h30, 14h-16h30 : un interclasse de 2h30 sans rien de prévu pour occuper les enfants (j'aurai la grande surprise de voir à l'usage que les grands restent assis en silence inoccupés pendant tout ce temps).
Je finis l'aménagement de ma classe le mercredi veille de la rentrée, je suis arrivée en bougeant les armoires  à créer deux coins : 1 coin écrivain avec les lettres mobiles et les jeux de lecture, et 1 coin pour cacher le bureau, j'ai acheter sur mes deniers de coussins et des tapis en pvc pour créer un coin bibliothèque et 1 coin garage, 1 coin peinture, et devant l'immense tableau 1 coin rassemblement. En tendant des fils dans la classe et en y suspendant quelques décorations j'ai réussi à donner à la classe 1 air accueillant et gai, les affichages et les reproductions de peintres cachant la peinture sale.
Suit une nuit blanche penchée sur mon ordi pour préparer les deux jours de rentrée.
Le jeudi c'est la rentrée ! Et une tempête tropicale annule la rentrée qui est repoussée au vendredi ! Un mal pour un bien j'aurais le temps de mieux me préparer et de me reposer un peu. Illusion en fait car je suis tellement an goissée par cette rentrée préparée à la va vite que je vais retravailler toute la journée et une grande partie de la nuit.
Le vendredi 5 septembre c'est enfin la rentrée ! Et malgré toute la préparation c'est une catastrophe : une Atsem absente, le  matériel des enfants apportés dans de grands sacs qu'il faut entrposer dans un coin pour faire le point plus tard. 27 enfants largués dans la classe par des parents pressés, j'ai à peine le temps de noter s'ils mangent à la cantine ou s'ils vont à la garderie, brouhaha intense, et je me retrouve seule face à 27 élèves dont je n'ai pas retenu un seul prénom. 1er regroupement pour faire connaissance donner les premières règles d'utilisation des coins et du matériel et c'est déjà l'heure du goûter et de la récréation, je suis sur les rotules ! Passage aux toilettes, vérifier que toutes les mains sont lavées et premier problème pas de savon, pas de papier pour s'essuyer les mains (l'utilisation du torchon étant banni avec la fameuse grippe). En 34 ans de carrière ce sera la 1ère fois que je serais dans l'obligation de fournir à mon compte savon et sopalin ! Pas une minute pour souffler il faut maintenant assurer la surveillance de récréation et bien sur il a plu donc toute l'école sous le préau. Besoin d'un café mais ça ne se fait pas dans cette école (penser à amener café et cafetière) Retour en classe, nouveau regroupement mise en place des rituels et surprise des grands qui ne connaissent pas les jours de la semaine, ce ne sera que la première d'une longue liste. 1er dessin du bonhomme ensuite en écrivant son prénom et la date au dos de la feuille (près de la moitié de mes élèves ne savaient pas écrire leur prénom et ce quelque soit l'écriture quand à la date n'en parlons même pas), 7 élèves encore au stade du bonhomme patate et 3 avec des corps déstructurés (rien ne se tenant). Bien on était vraisemblablement pas prêt de commencer la phonétique et l'écriture cursive. J'installe ensuite 4 ateliers : 1 de pâte à modeler, 1 de puzzles, 1 coloriage codé simple et mon premier bilan de graphisme et je les laisse s'installer comme ils veulent aux ateliers. La consigne à la pâte à modeler était de décorer autour de son prénom à l'aide de 3 verbes d'action morceler, rouler presser. Après avoir expliqué les consignes je laisse donc les trois ateliers en autonomie pour me consacrer au bilan (des boucles endroits, des ronds, des lignes verticales et horizontales, un triangle, 1 carré, et des boucles envers). Une catastrophe ! En fait de bilan je pouvais revoir toute ma programmation il fallait d'abord revoir toutes les bases. Nouveau regroupement présentation du travail effectué dans les différents ateliers. et nouvelle déconvenue il fallait tout revoir de comment effectuer un puzzle, à l'utilisation de la pâte à modeler, à colorier sans dépaser, respecter un code couleur, la notion spatiale autour rien n'était acquis pour la plupart quand au chahut pour ça ils étaient performants. ça commençait mal ! Un petit moment de chants et de comptines  ça c'était bien. Puis arrive le moment de la cantine, toujours sans Atsem ! Là c'est trop ! dès que les enfants sont assis à table je leur dis à tout à l'heure et je m'en vais me désinterrésant du problème de surveillance de l'interclasse. Je retourne chez moi fatiguée, et complètement décontenancée par la masse de travail à effectuer pour une remise à niveau.
L'après midi je retrouve mes élèves complètement exités par les deux heures et demi de silence sans bouger de l'interclasse. Hop on va en sport tant pis pour les petits qui font la sieste, les grands ont besoin de mouvement. Tant pis pour la boue dans la cour on va courir, bouger, sauter c'est nécessaire autant pour eux que pour moi. Suis un bon moment de nettoyage des chaussures. Et retour en classe plus qu'une demie heure avant la récréation pas le temps d'installer la peinture surtout sans Atsem donc regroupement on y va à l'improvisation, lecture d'un album l'écoute est bonne petites questions de compréhension là c'est moins bien surtout au niveau du langage. Récréation trop courte. Retour en classe nouvelle surprise c'est l'heure du ménage on est en train de serpiller ma classe je suis sensée faire quoi ? Il y a pas mal de choses dont j'aurai besoin de parler à la direction ! Nouvelle improvisation j'attrape les images reproductions de peintres contemporains et direction le préau. Chacun choisit une carte et vient la présenter aux autres en disant pourquoi il l'a choisit. Suivit d'un petit conte de quelques chants et c'est enfin l'heure des parents. Ouf !
Depuis pas mal de surprises : suite à un congé maladie de 4 jours pour une grave bronchite (remplacée dès le début) j'ai eu le grand étonnement de voir une cabale organisée par les parents dont un a enlevé son enfant de la classe après plainte auprès de l'administration parce que "j'étais toujors absente" (plainte posée dès le 2ème jour du congé maladie), s'en est suivi une convocation par l'inspecteur de circonscription, une réunion avec les parents et le directeur et une inspection surprise. J'adore quand l'administration est prête à remettre en cause le droit au congé maladie sur simple délire des parents ! Il y a vraiment de quoi décourager les meilleures volontés ! Je n'ai pas baisé les bras, mon inspection s'est bien passé et malgré ses a priori l'inspecteur n'a pu que faire un bon rapport, mais maintenant je n'ai qu'une hâte c'est que cette année se termine au plus vite pour que je puisse enfin sortir de ce calvaire.
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